L’accident de chasse

  • Scénariste : David L. Carlson
  • Dessinateur :  Landis Blair
  • 2020
  • Sonatine Editions

RÉSUMÉ ÉDITEUR

Chicago, 1959. Charlie Rizzo, qui vient de perdre sa mère, doit emménager avec son père aveugle. Pour le jeune garçon, l’histoire est limpide : Matt Rizzo a perdu la vue à la suite d’un accident de chasse, comme il le lui a toujours raconté. Mais le jour où un policier sonne à leur porte, Matt choisit de révéler à son fils la partie immergée de son passé, et la véritable raison de sa cécité : un vol à main armé qu’il a commis des années plus tôt, alors qu’il fréquentait la mafia de Chicago…
Roman graphique en noir et blanc à la puissance expressive sans pareille, tiré de faits réels, L’Accident de chasse est une ode bouleversante à la rédemption et aux pouvoirs sans limites de la littérature.

NOTRE AVIS

Voilà un livre qui sort de l’ordinaire, son format presque carré en impose et dès les premières pages, il devient rapidement évident que l’on s’attaque à une œuvre qui nous marquera, tant dans l’écriture riche en références littéraires et poétique, que dans le graphisme noir et blanc de Landis Blair.

Il n’y a pas de bordure blanche, nos doigts pénètrent le dessin, toutes les pages sont noircies, intenses. Et nous plongeons directement dans l’histoire de Charlie Rizzo et de son père Matt, un homme bien comme disent les gens du quartier.

Matt est aveugle suite à un accident de chasse raconte la légende. Charlie vient de perdre sa mère et se trouve face à un homme qu’il ne connaît pas. Désabusé, Charlie commence à filer un mauvais coton et ses mauvaises fréquentations l’influencent fortement. Son père décide alors de lui raconter sa propre histoire. Sa cécité n’est pas due à un accident, mais à un braquage qui a mal tourné. S’en suit son arrestation et son enfermement en prison. Le récit de son expérience carcérale est au centre de la BD. Double peine. Matt est aveugle, dans le noir complet, avec pour tout espace une cellule de 9 mètres carrés qu’il va partager avec un autre prisonnier. Cet homme est Nathan Leopold, condamné à perpétuité avec son complice Richard Loeb pour l’assassinat atroce et gratuit d’un enfant de quatorze ans. Ce monstre est pourtant lettré, et il initie Matt à la littérature et lui apprend à lire le braille. C’est dans ce lieu loin d’être bucolique que Matt va se reconstruire, retrouver la lumière et l’espérance grâce aux lectures en braille des livres d’Homère, Shakespeare, Yeats et surtout de « La divine comédie » de Dante. Matt va peu à peu devenir un autre homme. Il veut maintenant sauver son fils. 

Histoire vraie, le dessinateur Landis Blair l’a racontée au scénariste David L. Carlson. L’un et l’autre n’avaient jamais fait de bande dessinée ; ils n’avaient jamais travaillé ensemble… De leur rencontre est née une œuvre impressionnante. La justesse des textes et les nombreuses évocations littéraires abordent les grands thèmes universels que sont les relations père-fils, le mal, la puissance de la littérature, et la rédemption.  La mise en image est grandiose et sombre, magnifique de détails, chargée d’une émotion à fleur de peau.

Un très bel ouvrage !

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