La séquence se situe à la fin de l’épisode 14. Une très belle scène en matière de réalisation et d’émotion contenue pour le cliffhanger de l’épisode.
Trois ans après le départ de Song-ah pour l’Europe, le spectateur est tenu dans l’ignorance totale de ce qui s’est passé entre eux durant cette période. Spectateur, nous en sommes restés à des moments tendres, où ils se sont jurés fidélité et ont planifié leurs vacances ensemble. Une courte séquence vient de nous apprendre qu’elle est rentrée d’Europe, sans plus. Cette ellipse narrative intensifie l’impact de leur rencontre accidentelle, ou plutôt de leur quasi-rencontre, dans un cadre urbain qui agit comme un espace neutre mais chargé de tension.
Ils se trouvent chacun d’un côté d’une avenue, devant un passage piéton. Hyun-seung lève les yeux et la reconnaît presque instantanément, mais son visage reste impassible, trahissant un mélange d’émotions retenues. Yoon Song-ah, quant à elle, met un moment à le remarquer, et lorsqu’elle le fait, son expression semble réveiller des souvenirs mais reste très retenue, comme si elle était partagée entre le choc, la résignation et l’incertitude.
La réalisation se distingue ici par sa maîtrise des détails visuels et de la temporalité.










Le feu de circulation passe au rouge, et les piétons commencent à traverser entre eux, créant une barrière mouvante et symbolique qui reflète leur séparation émotionnelle. La caméra reste fixe, presque voyeuse, capturant l’immobilité des deux protagonistes, comme figés dans le temps. Des gros plans de chaque visage, avec un léger mouvement capture leur regard.








Le choix de ne pas accompagner la scène de dialogue ou de musique dramatique accentue la puissance brute de leurs regards et de leur posture. La musique se contente de quelques notes de piano, d’un violon, puis lorsque rien ne va plus, les bips stridents des passages pour piétons s’imposent avant l’introduction de la chanson « Daydream » de la chanteuse Cheeze.
Le moment où Song-ah commence à traverser est chargé de signification. Elle fait le premier pas, non sans hésitation, mais la caméra change brusquement de perspective pour montrer Hyun-seung qui tourne les talons, s’éloignant lui dans le sens inverse, choisissant délibérément de ne pas la rencontrer. Ce choix, narratif et visuel, est un coup de théâtre silencieux. Le spectateur est laissé en suspens, frustré mais fasciné par cette décision. Elle s’arrête. Gros plan de Song-ah le regardant partir.








La fin abrupte de la séquence sans résolution explicite marque un point culminant de tension dramatique, sans réponse, puisqu’il faudra attendre l’épisode suivant pour savoir ce qui se passe.
Cette scène illustre à la fois l’isolement des personnages et leur lien inextricable, tout en montrant que la série excelle dans l’art de laisser les silences et les non-dits parler autant que les dialogues.
