
« L’amour au rattrapage » est une série dramatique sud-coréenne qui mêle romance, comédie et critique sociale à travers l’histoire de Nam Haeng-seon, une ancienne joueuse de handball nationale reconvertie dans la vente de plats à emporter. Jeune adulte, elle a mis de côté sa carrière pour s’occuper de sa nièce, Nam Hae-yi, lorsque sa sœur a abandonné sa fille. Malgré ses moyens modestes, Haeng-seon veut offrir à Hae-yi les meilleures chances de réussir dans un système scolaire où l’éducation privée joue un rôle crucial. C’est ainsi qu’elle se retrouve confrontée au monde ultra-compétitif des hagwons, ces instituts privés qui façonnent l’avenir des élèves en Corée du Sud.
Dans cette société où la réussite scolaire est synonyme de statut social et de sécurité économique, les familles investissent massivement dans les cours privés, souvent hors de prix. L’un des professeurs vedettes en mathématique les plus prisés est Choi Chi-yeol, une véritable star auprès des élèves et des parents (surtout les mères qui s’occupent de l’éducation des enfants). Ses cours sont suivis par des milliers d’élèves. Derrière ce succès apparent, il mène pourtant une vie marquée par la solitude et la pression constante d’un système qui l’exploite comme une machine à enseigner. Son chemin croise celui de Haeng-seon, et une dynamique inattendue se met en place entre eux.
Leur relation prend rapidement une tournure délicate dans une société où le qu’en-dira-t-on peut vite ruiner une réputation.
D’ailleurs dans le quartier, Haeng-seon a toujours présenté Nam Hae-yi comme sa fille, un prétendu mari travaillant à l’étranger, coupant court à tout commentaire sur une femme seule élevant une adolescente. Ce stratagème met en évidence l’importance accordée aux apparences en Corée du Sud, où les conventions sociales influencent chaque aspect de la vie quotidienne.

À travers Nam Hae-yi et ses camarades, la série explore la forte pression que subissent les élèves pour réussir les concours. Hae-yi est brillante mais doit se battre pour obtenir les mêmes opportunités que ses camarades issus de familles aisées. Son ami Lee Sun-jae vit sous l’emprise d’une mère prête à tout pour le voir réussir, quitte à franchir des lignes éthiques. À l’inverse, Bang Su-a, fille d’une famille fortunée, avec une pression parentale qui transforme l’ambition en angoisse. Ces jeunes sont pris au piège d’un système où l’échec n’est pas une option, et grandissent dans un climat de stress et de compétition exacerbée.
Les parents, quant à eux, révèlent différentes facettes de la parentalité face à l’éducation. Haeng-seon se distingue par son approche bienveillante, refusant d’imposer à Hae-yi une pression excessive. À l’opposé, Jang Seo-jin, mère de Sun-jae, ne recule devant aucune manipulation pour garantir l’avenir de son fils. La mère de Su-a représente quant à elle l’obsession du statut social, transformant sa fille en projet personnel. La série met en évidence ces dérives et la manière dont elles affectent les relations parent enfant.
La série met en lumière l’inégalité d’accès à l’éducation. Les familles riches et influentes peuvent offrir à leurs enfants des cours particuliers avec les meilleurs professeurs, leur garantissant un avantage dès le départ. Les ménages plus modestes, comme celui de Haeng-seon, doivent faire preuve d’ingéniosité pour ne pas être laissés pour compte. Cette fracture sociale est au cœur de la série, qui illustre les sacrifices et les stratégies que les familles doivent adopter pour contourner ces injustices.

Un des éléments narratifs les plus intéressants de « L’amour au rattrapage » réside dans la manière dont les différents groupes sociaux interagissent et influencent le déroulement de l’histoire. Chaque groupe d’individus joue un rôle clé dans l’évolution des personnages principaux et dans la mise en place des tensions qui alimentent le récit. Ces dynamiques de groupe contribuent non seulement à enrichir l’histoire, mais aussi à illustrer les pressions sociales et les conflits inhérents à la société coréenne.
Autour de Nam Haeng-seon et de Nam Hae-yi gravitent plusieurs cercles sociaux qui renforcent les intrigues secondaires et créent des tensions narratives. Le premier groupe est celui des parents d’élèves des cours privés, composé principalement de mères obsessionnelles prêtes à tout pour garantir la réussite de leurs enfants. Ces femmes s’espionnent, se jugent et exercent une pression énorme sur leurs propres familles ainsi que sur le système éducatif. Haeng-seon, en essayant d’intégrer ce groupe pour offrir une meilleure éducation à Hae-yi, se retrouve confrontée à ces mères pour qui la compétition scolaire devient une guerre d’influence. Elle découvre rapidement que ce monde est régi par des règles impitoyables où chaque relation est conditionnée par le statut social et les performances scolaires des enfants.

Le second groupe est celui des élèves de la classe de Hae-yi, qui reflète la pression et les inégalités du système scolaire. Ce groupe est divisé entre ceux issus de familles aisées, bénéficiant d’un soutien académique intense, et ceux, comme Hae-yi, qui doivent se battre pour prouver leur valeur. Hae-yi, tout en étant studieuse et discrète, attire des jalousies et devient malgré elle la cible d’injustices. Lee Sun-jae, son ami proche, et Bang Su-a, qui oscille entre rivalité et détresse émotionnelle, font partie de ce microcosme où la réussite scolaire définit le statut social.

Un autre groupe fondamental est celui des proches de Nam Haeng-seon, composé de son frère Nam Jae-woo et de sa meilleure amie Kim Young-joo, qui travaillent tous deux dans le magasin de plats à emporter. Ce cercle apporte un contraste chaleureux et humain face à l’univers froid et compétitif des hagwons. Le magasin devient un refuge où l’on parle de la vie avec légèreté et sincérité, offrant une parenthèse bienveillante dans un quotidien marqué par la pression scolaire. Hae-yi y trouve une véritable famille de substitution, un espace où elle peut être elle-même sans craindre d’être jugée sur ses résultats.

Certains personnages appartiennent simultanément à plusieurs de ces groupes, ce qui crée des interactions riches et parfois conflictuelles. Haeng-seon, par exemple, oscille entre son rôle de mère adoptive et celui de commerçante bienveillante, tout en essayant d’infiltrer le cercle des parents d’élèves. Hae-yi, elle, est à la fois une élève studieuse, une fille adoptive aimée et une amie loyale, mais elle doit composer avec les attentes de chacun. Cette appartenance multiple génère des tensions et des dilemmes, notamment lorsque ses performances scolaires attirent l’attention et suscitent des jalousies parmi ses camarades.
En contraste, Choi Chi-yeol est le seul personnage isolé. Professeur adulé et extrêmement populaire, il vit pourtant une solitude profonde, enfermé dans une routine où il n’a aucun véritable lien personnel. Son quotidien est régi par des impératifs professionnels et une célébrité qui l’éloigne des réalités du quotidien. C’est en s’ouvrant à Haeng-seon et à son entourage qu’il découvre ce qu’il lui manquait : des relations sincères, un espace où il peut être lui-même sans devoir constamment performer. Cette évolution est essentielle pour son personnage, car elle lui permet de retrouver un équilibre entre son statut de professeur vedette et son besoin d’une vie authentique.

En reliant ces groupes et en jouant sur leurs dynamiques, la série réussit à créer une histoire où chaque interaction a des répercussions, où les relations ne sont jamais figées et où les tensions sociales se mêlent aux émotions personnelles. Cette structure en cercles interconnectés enrichit le récit en illustrant comment les aspirations, les rivalités et les amitiés façonnent le destin des personnages.

Les comédiens
Les proches de Nam Haeng-seon
Ces personnages forment le cercle familial et amical qui apporte un soutien essentiel à l’héroïne.
- Jeon Do-yeon (Nam Haeng-seon)
- Roh Yoon-seo (Nam Hae-yi)
- Oh Eui-shik (Nam Jae-woo) : frère aîné de Haeng-seon, autiste léger, il apporte une touche d’humour et de sincérité au sein de la famille.
- Lee Bong-ryun (Kim Young-joo) : meilleure amie de Haeng-seon et employée du magasin, elle est son principal soutien et la conseille souvent sur sa vie amoureuse.
Les professeurs et l’univers des cours privés
Ce groupe représente la pression et l’importance du secteur éducatif en Corée du Sud.
- Jung Kyung-ho (Choi Chi-yeol)
- Shin Jae-ha (Ji Dong-hui) : assistant dévoué de Chi-yeol, il cache un passé trouble et joue un rôle central dans l’intrigue policière.
- Heo Jung-do (Kang Jun-sang) : directeur de l’académie où enseigne Chi-yeol, il veille à maintenir l’image prestigieuse de son institution.

Les élèves du lycée & le prof
Ce groupe incarne les différents types d’élèves pris dans le système éducatif compétitif.
- Lee Chae-min (Lee Sun-jae) : meilleur ami de Hae-yi, issu d’une famille aisée mais soumis à une énorme pression parentale.
- Kang Na-eon (Bang Su-a) : élève jalouse de Hae-yi, obsédée par la réussite et fortement influencée par sa mère super exigeante.
- Kim Tae-jung (Lee Hui-jae) : frère de Sun-jae, autrefois brillant, mais ayant abandonné les études sous l’influence d’une pression excessive.
- Kim Da Hwin (Jeon Jong-Ryeol) : professeur de mathématiques de Nam Hae-yi, Lee Sun-jae et Bang Su-a.
Les parents d’élèves et les figures de l’élite éducative
Ces personnages illustrent la pression sociale et les conflits engendrés par la compétition scolaire.
- Jang Young-nam (Jang Seo-jin) : mère autoritaire de Sun-jae et Hui-jae, avocate influente, prête à manipuler le système pour assurer la réussite de son fils cadet.
- Kim Sun-young (Jo Su-hee) : mère de Bang Su-a, obsédée par le statut et l’excellence académique de sa fille, elle n’hésite pas à harceler les professeurs et les autres parents.
- Hwang Bo-ra (Lee Mi-ok) autre mère d’élève influente, elle fait partie du cercle des parents qui contrôlent les admissions et les opportunités pour leurs enfants.
Les enquêteurs et l’intrigue policière
Ces personnages sont liés à l’enquête sur les meurtres mystérieux qui jalonnent la série.
- Lee Moo-saeng (Detective Song Jae-woo) : enquêteur chargé de faire le lien entre les crimes et le monde des cours privés.
- Kim Da-huin (Jeong Su-hyeon) : victime d’un des meurtres, liée au passé trouble du suspect principal.

Auteur : Yang Hee-seung
Réalisation : Yoo Je-won
Musique : Lim Ha-young
Producteurs : Jo Moon-joo, Jeong Se-mi & Lee Yoo-bin
Société de production : Studio Dragon
Le prof & le prof vedette
Le personnage contre-point de Choi Chi-yeol est Jeon Jong-Ryeol, un professeur de mathématiques au lycée Woorim.

Jeon Jong-Ryeol est le professeur principal de Nam Hae-yi, Lee Sun-jae et Bang Su-a. Responsable de leur suivi scolaire et de leur bien-être, il est souvent celui qui perçoit les signaux de détresse chez ses élèves et tente de les aider. Lorsque des tensions ou des incidents éclatent, c’est vers lui que les élèves sont dirigés. Contrairement aux enseignants des hagwons, qui se focalisent uniquement sur l’excellence académique, il porte un regard plus humain sur ses étudiants, cherchant à les guider au-delà des résultats scolaires.
Dès le début, on perçoit une certaine hostilité de Jeon Jong-Ryeol envers Choi Chi-yeol. Professeur impliqué et attentif, il voit d’un mauvais œil le culte autour de son collègue des cours privés, qui attire les élèves et les parents prêts à tout pour avoir accès à ses enseignements. Il incarne une approche plus traditionnelle et égalitaire de l’éducation, là où Chi-yeol symbolise un système élitiste et lucratif, accessible uniquement aux plus riches. Cette opposition nourrit une jalousie implicite, mais aussi une forme de frustration face à l’injustice du système : malgré son engagement envers ses élèves, Jeon Jong-Ryeol sait qu’il ne pourra jamais leur offrir les mêmes opportunités qu’un professeur privé adulé comme Chi-yeol.
Mais au-delà de cette rivalité professionnelle, un événement tragique a creusé un véritable fossé entre eux : le suicide d’un élève, ancien étudiant de Choi Chi-yeol. Pour Jeon Jong-Ryeol, cette mort symbolise l’une des dérives du système éducatif, où la pression académique devient insoutenable pour certains jeunes. Il reproche à Chi-yeol son apparente indifférence, ne comprenant pas pourquoi celui-ci n’a jamais exprimé publiquement de regrets ou de compassion à la suite de cette tragédie. Cette accusation pèse lourdement sur leur relation, car elle touche à la responsabilité morale des enseignants et à la façon dont ils gèrent le stress imposé aux élèves.
Pourtant, à la faveur d’un moment de franchise et de quelques bouteilles de soju, les tensions s’apaisent et la vérité émerge. Choi Chi-yeol n’a en réalité jamais été indifférent à ce drame. Derrière son image de professeur charismatique et brillant se cache un homme profondément affecté par les failles du système éducatif et par son incapacité à protéger tous ses élèves. Ce dialogue sincère permet aux deux hommes de se comprendre mutuellement et de mettre un terme à leurs différends professionnels.
À partir de ce moment, leur relation change. Ils commencent à s’épauler, reconnaissant en l’autre une même volonté d’aider les élèves, bien que leurs approches diffèrent.
Cette amitié inattendue pose l’une des questions fondamentales du drama : l’éducation doit-elle être un simple commerce, ou un véritable engagement humain et social ?

Deux générations d’acteurs
L’un des choix marquants de « L’amour au rattrapage » est d’avoir opté pour des protagonistes plus âgés que dans la majorité des dramas romantiques coréens. Alors que les K-dramas romantiques ont tendance à se focaliser sur des personnages entre 20 et 30 ans, cette série met en avant le couple formé par Nam Haeng-seon (Jeon Do-yeon) et Choi Chi-yeol (Jung Kyung-ho), deux personnages ayant dépassé la quarantaine. Ce choix apporte une maturité émotionnelle à l’intrigue et permet d’aborder des thématiques rarement traitées dans les séries.

Nam Haeng-seon n’est pas une héroïne romantique classique. Elle n’est ni une jeune femme en quête d’amour ni une carriériste ambitieuse, mais une femme qui a mis de côté ses rêves pour s’occuper de sa nièce, Nam Hae-yi. Son quotidien est celui d’une travailleuse acharnée, qui jongle entre les responsabilités familiales et la gestion de son magasin. Ce portrait réaliste d’une femme forte, indépendante et bien ancrée dans la réalité apporte une profondeur différente à la romance.

Le personnage de Choi Chi-yeol, de son côté, est un homme qui, malgré sa réussite spectaculaire, vit dans une profonde solitude et porte des blessures émotionnelles. Leur relation ne repose donc pas sur la découverte naïve du premier amour, mais sur un cheminement équilibré émotionnellement et une guérison mutuelle.
L’âge des personnages permet également d’aborder des sujets plus adultes, comme la pression sociale liée au célibat après un certain âge, les sacrifices personnels pour la famille, ou encore la fatigue émotionnelle accumulée avec les années. Cela change la dynamique classique des romances où l’on suit généralement une phase de séduction et de découverte, pour s’intéresser plutôt à l’évolution de deux individus qui apprennent à s’ouvrir à nouveau à l’amour malgré leurs blessures et leurs responsabilités.

Si la performance de Jeon Do-yeon et Jung Kyung-ho est saluée pour sa justesse, la série brille également grâce à l’excellent jeu des jeunes acteurs, qui incarnent des élèves du lycée soumis à une pression scolaire intense. Roh Yoon-seo (Nam Hae-yi), Lee Chae-min (Lee Sun-jae) et Kang Na-eon (Bang Su-a) offrent des performances nuancées qui donnent de la profondeur aux dynamiques adolescentes. Roh Yoon-seo, en particulier, se distingue dans le rôle de Nam Hae-yi, une élève studieuse mais réaliste, confrontée à la jalousie de ses camarades et aux incertitudes de son avenir. Son interprétation subtile et naturelle rend son personnage particulièrement attachant.

De son côté, Lee Chae-min, qui incarne Lee Sun-jae, apporte une dimension émotionnelle forte en montrant les dilemmes d’un jeune homme tiraillé entre les attentes de sa mère et ses propres sentiments.

Kang Na-eon, qui joue Bang Su-a, réussit à donner de la complexité à un rôle qui aurait pu être réduit à celui d’une simple rivale jalouse, en incarnant avec justesse l’anxiété et l’angoisse d’une élève obsédée par la réussite.
L’association de ces personnages plus mûrs dans les rôles principaux et de jeunes acteurs talentueux pour incarner la nouvelle génération donne une double richesse narrative à la série. Elle ne se contente pas d’être une romance classique, elle devient aussi une réflexion sur les différentes étapes de la vie, le poids des responsabilités et l’évolution des émotions à travers les âges, ce qui permet au drama de toucher un public plus large, des jeunes adultes aux spectateurs plus âgés, en offrant une histoire où chacun peut se reconnaître à différentes périodes de son existence.

