★★★★ Double triangle amoureux – She was pretty – 그녀는 예뻤다

“She Was Pretty” mêle humour, émotion et réflexion sur l’apparence, l’identité et les souvenirs d’enfance. Elle met en scène Kim Hye-jin, autrefois une belle et populaire jeune fille issue d’une famille aisée, dont la vie bascule lorsque que son père perd sa fortune. Avec l’âge, elle perd aussi sa beauté stéréotypée et lutte pour se faire une place dans le monde du travail, souvent moquée pour ses cheveux frisés, ses taches de rousseur et son style maladroit. À l’opposé, Ji Sung-joon, son ami d’enfance et premier amour timide et complexé, a vécu une métamorphose spectaculaire : devenu un homme séduisant, confiant et professionnellement accompli, il revient des États-Unis pour travailler à Séoul en tant que rédacteur en chef adjoint du magazine de mode The Most.

Leur passé commun est chargé de tendresse, puisque Hye-jin était la seule amie de Sung-joon à une époque où il se sentait seul et rejeté. Lorsqu’ils décident de se retrouver à l’âge adulte, Hye-jin, honteuse de son apparence actuelle, demande à sa colocataire et meilleure amie Min Ha-ri, une jeune femme séduisante, d’aller à sa place. Cette décision crée une série de quiproquos douloureux, d’autant plus que Hye-jin finit par être embauchée comme assistante dans l’équipe dirigée par Sung-joon, qui la traite avec froideur, sans reconnaître celle qu’il a tant aimée dans son enfance.

Au fil des épisodes, la série explore le thème de la dissimulation et de la redécouverte, tant des autres que de soi-même. Hye-jin, d’abord humiliée et reléguée aux tâches ingrates, montre progressivement son intelligence, sa persévérance et sa bonté, gagnant le respect de ses collègues, et notamment celui de Kim Shin-hyuk, un journaliste fantasque à l’esprit libre qui devient son allié et confident. Ce dernier, derrière son excentricité, cache lui aussi une autre facette de lui-même, ajoutant à la série une intrigue secondaire sur le secret de son identité.

Les traumatismes de l’enfance – rejet, honte de soi, peur du regard des autres – sont traités avec finesse et humour. Le récit montre comment ces blessures influencent les choix d’adultes, mais aussi comment l’amour sincère et l’estime de soi permettent de les dépasser. Sung-joon, lui aussi, reste marqué par sa solitude passée et sa peur de perdre à nouveau ceux qu’il aime. Son retour en Corée s’accompagne d’une quête intérieure : il retrouve sa terre natale mais aussi un pan de lui-même qu’il avait oublié. La série évoque subtilement le lien des néo-séouliens à leur province d’origine, la nostalgie des paysages d’enfance et le contraste entre la frénésie urbaine et la douceur du passé.

L’intégration en entreprise est un autre thème fort. Le personnage de Hye-jin symbolise la précarité des jeunes sans réseau ni appuis, confrontés à des hiérarchies rigides et des standards esthétiques discriminants. Mais au sein de ce microcosme exigeant qu’est The Most, la série esquisse aussi des possibilités d’ascension fondées sur le mérite et l’humanité, remettant en question les préjugés sociaux et physiques.

“She Was Pretty” est aussi une belle romance qui interroge la notion de beauté : elle montre qu’elle ne réside pas dans la perfection physique mais dans l’authenticité, la gentillesse et la mémoire du cœur. Lorsque Sung-joon découvre enfin que la jeune femme brillante et généreuse qu’il a sous les yeux est celle qu’il a tant aimée enfant, c’est un moment d’émotion intense, à la fois libérateur et réparateur. Leur amour peut enfin s’épanouir sur la base de la vérité, sans faux-semblants ni peur d’être jugé.

Portée par les performances touchantes de Hwang Jung-eum, Park Seo-joon, Choi Si-won et Go Joon-hee, la série reste l’un des dramas les plus populaires de sa décennie. Elle touche par son humour attendrissant, ses personnages imparfaits mais attachants, et son message profondément optimiste sur la valeur de chacun, au-delà des apparences.

Les comédiens

  • Hwang Jung-eum : Kim Hye-jin, autrefois belle et populaire, devenue maladroite mais profondément gentille.
  • Park Seo-joon : Ji Sung-joon, son amour d’enfance, devenu un homme séduisant et rédacteur en chef du magazine The Most.
  • Choi Si-won : Kim Shin-hyuk, journaliste excentrique et drôle, collègue de Hye-jin, qui cache un secret important.
  • Go Joon-hee : Min Ha-ri, meilleure amie de Hye-jin, belle et sophistiquée, qui accepte au départ de se faire passer pour elle.
  • Shin Dong-mi : Cha Joo-young, responsable de l’équipe éditoriale au sein de The Most.
  • Park Yoo-hwan : Kim Joon-woo, membre de l’équipe de rédaction.
  • Hwang Seok-jeong : Kim Ra-ra, directrice loufoque du magazine, à la fois rigide et comique.
  • Ahn Se-ha : Kim Poong-ho, maquettiste du magazine.
  • Kang Soo-jin : Han Seol, employée ambitieuse au sein de The Most.

On remarque avec plaisir dans She Was Pretty l’apparition de Shin Hye-sun dans un rôle secondaire mais déjà marquant. Elle interprète une collègue de Hye-jin, d’abord dessinée comme une coureuse de dot, attentive aux postes et aux revenus des hommes, toujours à l’affût du bon parti dans l’entreprise. Ce personnage, un peu caricatural au départ, prend pourtant une tournure plus tendre et nuancée au fil des épisodes, puisqu’elle finit par tomber sincèrement amoureuse d’un autre employé, moins prestigieux, mais honnête et gentil. Leur romance discrète, en toile de fond, participe à l’atmosphère chaleureuse du magazine The Most et propose une variation plus légère et quotidienne sur les relations amoureuses au travail.
Ce petit rôle permet déjà d’entrevoir ce qui deviendra la marque de fabrique de Shin Hye-sun : une expressivité du visage tout en finesse, des mimiques spontanées et drôles, une capacité à faire passer l’émotion dans de très courts instants. Bien que son temps à l’écran soit limité, elle capte l’attention par sa vivacité et son sens du rythme. On reconnaît déjà la future star de Mr. Queen, où elle brille dans un registre plus burlesque mais tout aussi maîtrisé.

Écrit par Jo Sung-hee
Réalisé par Jung Dae-yoon
Musique de Kim Joon-seok & Jeong Se-rin
Producteur exécutif : Han Hee (MBC)
Producteurs : Moon Suk-hwan & Oh Kwang-hee
Société de production Bon Factory Worldwide

Triangle amoureux

Dans She Was Pretty, le triangle amoureux entre Kim Hye-jin, Ji Sung-joon et Kim Shin-hyuk est au cœur de l’intrigue émotionnelle, et donne à la série une profondeur touchante, mêlant dilemme affectif, tensions internes et regards croisés sur l’amour.

Kim Shin-hyuk, journaliste vedette du magazine The Most, incarne une figure libre, joyeuse et profondément humaine. Sous ses airs excentriques et son humour décalé, il cache une certaine fragilité. C’est l’un des rares personnages à voir d’emblée en Hye-jin autre chose que son apparence ou son statut hiérarchique. Il est touché par sa sincérité, sa maladresse, sa tendresse – il l’aime pour ce qu’elle est, sans illusions ni passé partagé.

En contraste, Ji Sung-joon est un homme d’apparence solide, professionnellement brillant, mais affectivement vulnérable. Marqué par une enfance solitaire et un profond attachement à celle qu’il pense avoir perdue – la belle Hye-jin d’autrefois – il est désormais devenu un chef exigeant, parfois dur, voire blessant envers ses subalternes. Dans sa relation à Hye-jin adulte – qu’il ne reconnaît pas – il oscille entre agacement, condescendance et une attirance confuse qu’il ne comprend pas. Il est émotionnellement bloqué par le souvenir idéalisé de son amour d’enfance, et met du temps à se libérer de ce fantasme. Lorsqu’il réalise que la femme qu’il a appris à admirer au quotidien est bel et bien celle du passé, la révélation a un pouvoir cathartique : il peut enfin aimer au présent, avec maturité.

Kim Shin-hyuk n’a pas de passé avec Hye-jin, mais il se bat avec constance pour la séduire. Il tente, souvent avec humour, parfois avec une sincérité désarmante, de lui montrer qu’elle est aimée, qu’elle est digne d’amour, sans devoir se transformer ou se cacher. Il est aussi le seul à poser un regard immédiatement bienveillant sur elle, sans jugement. Mais Hye-jin, bien qu’émue par sa présence et touchée par ses efforts, reste profondément liée à son souvenir d’enfance, à cet amour fondateur qu’elle croyait perdu et qu’elle redécouvre en Sung-joon.

Ce triangle amoureux ne repose pas sur la rivalité violente mais sur des tensions intérieures : Kim Shin-hyuk, qui aime en silence et sans condition, mais sait qu’il n’est pas celui qu’elle attend ; Ji Sung-joon, prisonnier du passé et lent à s’ouvrir au réel ; et Hye-jin, déchirée entre la fidélité à une image ancienne et l’attention sincère d’un homme qui l’accepte telle qu’elle est. C’est ce jeu d’oppositions – passé et présent, superficialité et profondeur, rêve et réalité – qui fait la richesse émotionnelle de She Was Pretty, et donne à chacun des trois personnages une trajectoire personnelle poignante.

Amitié ou Amour

Le personnage de Min Ha-ri dans She Was Pretty joue un rôle essentiel dans l’équilibre émotionnel du récit et offre une autre facette du triangle amoureux : celle de l’amie loyale tiraillée entre ses sentiments naissants et sa conscience morale. Belle, sophistiquée, sûre d’elle en apparence, Ha-ri vit dans l’aisance matérielle mais porte en elle un vide affectif profond, lié à une relation distante avec ses parents et à un mode de vie souvent superficiel. Lorsqu’Hye-jin lui demande, sur un coup de panique, de se faire passer pour elle auprès de Ji Sung-joon, Ha-ri accepte avec légèreté, sans prévoir les conséquences émotionnelles de ce jeu.

Mais très vite, Ha-ri tombe réellement amoureuse de Sung-joon. Ce n’est pas un caprice : elle est touchée par sa gentillesse, par sa sincérité, par sa fragilité aussi. Elle commence à vouloir prolonger l’illusion, non par cruauté ou trahison volontaire, mais parce qu’elle se retrouve prisonnière d’un mensonge qui la dépasse. Chaque rencontre avec lui la pousse un peu plus loin dans la dissimulation, et chaque regard qu’il lui adresse, croyant voir en elle Hye-jin, la blesse autant qu’il la flatte.

La série soulève alors avec finesse la question de la fidélité en amitié lorsque l’amour s’en mêle. Jusqu’où peut-on aller par amour sans trahir ceux qu’on aime ? Ha-ri n’est pas une antagoniste : elle est sincère, humaine, complexe. Elle souffre de son imposture, mais repousse sans cesse le moment de dire la vérité, parce qu’elle redoute de perdre à la fois un homme qui l’émeut et une amie qu’elle chérit profondément. Ce dilemme est d’autant plus douloureux que la relation entre les deux jeunes femmes est très forte : elles partagent leur quotidien, leurs espoirs, leurs peurs – et justement, c’est ce lien qui finit par faire basculer Ha-ri du bon côté.

Lorsqu’elle comprend que Sung-joon aime toujours la vraie Hye-jin, celle qu’il côtoie sans le savoir, Ha-ri prend une décision difficile mais noble : elle choisit la vérité, mais est démasquée avant sa confession. Elle rompt le mensonge, même si cela signifie perdre l’homme qu’elle aime. Elle qui reconnaît ses erreurs, demande pardon et accepte les conséquences de ses actes. La série ne la punit pas, au contraire, elle lui offre une réconciliation sincère avec Hye-jin et une nouvelle image d’elle-même, plus authentique, plus apaisée.

À travers Min Ha-ri, She Was Pretty interroge les frontières floues entre loyauté et désir, et montre que l’amitié véritable peut survivre à l’épreuve de l’amour, à condition qu’elle soit portée par le courage de dire la vérité et de faire passer l’autre avant soi. C’est un personnage qui, malgré ses erreurs, reste attachant, parce qu’elle agit non par méchanceté, mais par solitude, par peur de perdre, et parce qu’elle a la force de se reprendre et de choisir ce qui est juste.

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