
My Dearest se déroule au XVIIᵉ siècle, durant la seconde invasion de la dynastie Joseon par les Mandchous (1636), une époque de chaos où l’amour, la loyauté et l’honneur se retrouvent broyés par la guerre. Le drama suit deux destins croisés : celui de Lee Jang-hyun, un noble mystérieux revenu de longues années d’exil volontaire, et celui de Yoo Gil-chae, une jeune femme fière issue d’une famille aristocratique de Neunggun-ri, qui rêve d’amour et d’admiration sans comprendre encore la dureté du monde. Lorsque les troupes mandchoues envahissent Joseon, la guerre éclate, emportant avec elle l’insouciance des nobles, la stabilité du royaume et la hiérarchie sociale figée qui séparait esclaves, roturiers et yangban. L’invasion met à nu les failles de la société confucéenne : la fuite du roi, devenu paranoïaque et soupçonneux, l’incapacité des élites à défendre le peuple, et la corruption des valeurs de loyauté et d’honneur sur lesquelles reposait le royaume.
À travers le regard de ses protagonistes, la série interroge la notion de civilisation et de barbarie. Les Mandchous sont d’abord décrits comme des envahisseurs inhumains, voleurs et violents, mais à mesure que la guerre avance, les frontières morales deviennent plus floues. Les “barbares” apparaissent parfois plus dignes que les courtisans de Joseon, tandis que les nobles perdent leur humanité dans la peur ou la trahison. Les femmes, quant à elles, paient le prix le plus lourd : celles capturées ou violées par les envahisseurs sont considérées comme impures et poussées au suicide pour préserver l’honneur familial. Cette violence symbolique traduit la rigidité d’une société obsédée par la pureté et la réputation, où la survie elle-même devient honteuse.
Les otages de guerre, emmenés en Mandchourie, incarnent la douleur d’une nation déchirée. Gil-chae et Jang-hyun se retrouvent séparés, chacun vivant la captivité à sa manière : lui en essayant de négocier la liberté des autres, elle en affrontant la perte de son statut et de ses repères. La série explore le thème de la vassalité, non seulement entre royaumes — Joseon devenu tributaire des Mandchous — mais aussi entre individus, dans les relations de domination entre maîtres et esclaves, entre hommes et femmes, entre loyauté et liberté. Dans ce monde en ruines, la romance entre Gil-chae et Jang-hyun devient une résistance silencieuse, un amour tragique mais incandescent, bâti sur la reconnaissance mutuelle et le sacrifice.

La guerre révèle les contradictions d’un pays pris entre fierté nationale et impuissance politique. L’honneur du roi, de la noblesse et du peuple est mis à l’épreuve, tandis que l’amour devient l’unique espace de vérité. Jang-hyun, héros ambigu et blessé, incarne cette tension entre devoir et sentiment : soldat sans patrie, noble sans titre, il agit par humanité plus que par allégeance. Gil-chae, de jeune fille frivole, devient une femme consciente du prix de la liberté et du sens de la dignité. Ensemble, ils illustrent la possibilité d’un amour au-delà des castes, des guerres et des humiliations.
Les comédiens
- Namkoong Min dans le rôle de Lee Jang-hyun

- Ahn Eun-jin dans le rôle de Yoo Gil-chae

- Lee Hak-joo dans le rôle de Nam Yeon-joon : un étudiant confucéen prometteur à Sungkyunkwan
- Lee Da-in dans le rôle de Kyung Eun-ae : la fiancée de Yeon-joon et l’amie la plus proche de Gil-chae.
- Kim Yoon-woo dans le rôle de Ryang-eum : l’ami proche de Jang-hyun qui est le meilleur chanteur de pansori de Joseon



- Lee Chung-ah dans le rôle de Gak-hwa : fille de Hong Taiji et princesse de la dynastie Qing .

- Ji Seung-hyun dans le rôle de Gu Won-moo : un officier militaire.
- Park Jung-yeon dans le rôle de Jong Jong-yi : la servante de Gil-chae.
- Kwon So-hyun dans le rôle de Bang Du-ne : la servante d’Eun-ae.
- Kim Jung-tae dans le rôle du roi Injo : le seizième souverain de Joseon.
- Kim Moo-jun dans le rôle du prince héritier Sohyeon : le fils aîné du roi Injo.
- Jeon Hye-won dans le rôle de la princesse héritière Kang : l’épouse du prince héritier Sohyeon.
- So Yoo-jin dans le rôle de la consort royale So-yong Jo : la concubine préférée du roi Injo.
- Yang Hyun-min dans le rôle de Pyo Eon-gyeom : l’eunuque fidèle du prince héritier Sohyeon .
- Kim Tae-hoon dans le rôle de Choe Myeong-gil : un pragmatique qui ne change pas ses décisions et donne la priorité aux intérêts nationaux.
- Choi Jong-hwan dans le rôle de Kim Sang-heon : un sujet loyal.
- Ha Kyung dans le rôle de Shin I-rip
- Jung Byung-cheol dans le rôle de Bong-si : l’eunuque du roi Injo.
- Choi Young-woo dans le rôle de Yonggoldae : un officier militaire.
- Kim Jun-won dans le rôle de Hong Taiji : l’ empereur de la dynastie Qing.
- Kang Gil-woo dans le rôle de Jung Myung-soo : un interprète.



Selon le scénariste Hwang Jin-young, le kdrama est inspiré du roman de 1936 « Autant en emporte le vent » de Margaret Mitchell.

Développé par MBC
Écrit par Hwang Jin-young
Réalisé par Kim Seong-yong, Lee Han-jun & Cheon Soo-jin
Musique de Kim Soo-han
Producteur exécutif Hong Seok-woo ( CP )
Producteurs : Kim Jae-bok, Yoon Kwon-su & Kim Ji-ha
Sociétés de production : MBC & 9ato Entertainment

La société mandchoue dans My dearest
La société mandchoue, que les Coréens appellent à l’époque les barbares du Nord, n’est pas présentée dans le drama comme un bloc uniforme de cruauté ou de sauvagerie, mais comme une civilisation rivale, structurée et redoutablement pragmatique. Historiquement, les Mandchous, fondateurs de la dynastie Qing qui allait bientôt dominer toute la Chine, possédaient une organisation militaire et politique avancée. Leur système reposait sur la loyauté clanique et sur les « huit bannières », divisions militaires et sociales qui rassemblaient guerriers, familles et serviteurs selon leur origine. Ce modèle conférait au peuple mandchou une discipline et une cohésion qui faisaient contraste avec la rigidité hiérarchique de Joseon, paralysé par ses castes et ses rituels confucéens.

Dans My Dearest, on sent cette supériorité militaire et politique, mais aussi une certaine ironie : les Mandchous sont d’abord perçus comme barbares parce qu’ils ignorent les raffinements lettrés du royaume de Joseon, mais ils s’avèrent plus efficaces, plus unis, plus audacieux. Là où les nobles coréens discutent d’étiquette et de protocole, les généraux mandchous avancent avec méthode. Leur rapport au pouvoir est direct, utilitaire, sans la lourdeur morale des Joseon. Ils capturent des otages, mais les traitent souvent selon leur valeur sociale ou stratégique ; certains otages deviennent même serviteurs privilégiés ou épouses secondaires, révélant une hiérarchie fondée davantage sur la force et l’utilité que sur la naissance.
La série montre aussi, par touches, la complexité culturelle du monde mandchou. Dans leurs camps, la vie est rude mais pas dépourvue d’organisation : on y voit des échanges, du commerce, des femmes au rôle plus actif que dans Joseon, et un rapport à la survie plus concret. Là où les Coréens parlent de honte, les Mandchous parlent de nécessité. Cette différence de valeurs produit un effet de miroir : les uns incarnent la morale et la tradition, les autres la force et le mouvement. Pourtant, My Dearest ne glorifie ni ne diabolise aucun camp. La série rappelle que la barbarie n’est pas seulement du côté des envahisseurs : elle naît aussi dans la peur, la lâcheté et la déraison d’une société qui préfère sacrifier ses femmes et ses pauvres pour sauver l’honneur d’un roi.
En somme, la société mandchoue du drama est le reflet brutal mais fascinant d’un monde en transition : un peuple de conquérants issu des marges, en train de bâtir un empire, face à un royaume confucéen trop rigide pour se défendre. Cette confrontation culturelle devient le moteur symbolique de la série : la vitalité contre la décadence, la souplesse contre la paralysie, la survie contre l’honneur. Et dans ce choc des civilisations, les personnages de Gil-chae et Jang-hyun oscillent entre ces deux pôles — la fidélité à une Joseon en ruines et la lucidité d’un monde nouveau où les valeurs changent.
Un portrait critique du confusianisme
L’un des aspects les plus subtils — et les plus corrosifs — de My Dearest. Le drama ne se contente pas de dépeindre la guerre ou la romance : il dresse aussi un portrait critique du confucianisme, non pas en tant que philosophie morale, mais en tant que système social et politique figé. Dans la Joseon du XVIIᵉ siècle, la pensée confucéenne structure chaque aspect de la vie — la hiérarchie entre les sexes, les castes, les générations et même la relation entre le roi et ses sujets. Mais dans My Dearest, cette idéologie, autrefois garante de l’ordre et de la vertu, apparaît comme une prison intellectuelle et morale.




Le roi, paralysé par le protocole et la peur de perdre la “rectitude” du royaume, incarne ce confucianisme stérile. Combien de fois me suis-je dit, là les érudits vont réagir… Et bien non ! Au lieu d’agir face à l’invasion mandchoue, il s’enferme dans des débats symboliques sur la dignité, la loyauté et le sacrifice, pendant que son peuple meurt ou est réduit en esclavage. Les lettrés et les hauts fonctionnaires, plus attachés à l’apparence de la vertu qu’à la protection concrète du royaume, deviennent les instruments d’une hypocrisie collective. La politique confucéenne est ici dépeinte comme un théâtre : chacun joue son rôle — le loyal ministre, le roi vertueux, le noble patriote — mais personne ne prend la responsabilité de l’action.
Cette critique s’étend aussi à la vie sociale. Le confucianisme impose des codes de pureté et de soumission qui condamnent les femmes violées à la honte, les esclaves à la résignation et les nobles à l’immobilisme. L’honneur devient une façade, la moralité une arme sociale. Quand Gil-chae est confrontée à la violence et à la perte, elle comprend que ces valeurs ne servent plus qu’à maintenir une illusion d’ordre. Le suicide des femmes “souillées”, la condamnation des otages, la hiérarchie rigide entre les castes — tout cela est présenté comme les symptômes d’un système qui préfère la forme à la vie, la morale à la compassion.
Face à ce monde pétrifié, Jang-hyun incarne une autre voie : celle de la lucidité, du doute, de la responsabilité personnelle. Il refuse d’obéir aveuglément à un roi ou à une doctrine. Il agit, négocie, sauve, trahit parfois, mais toujours au nom de l’humain plutôt que de l’étiquette. Son attitude est en rupture avec la morale confucéenne, mais elle apparaît comme la seule capable de sauver ce qui reste de dignité. De même, Gil-chae, d’abord prisonnière des convenances, finit par rejeter cette morale d’apparence pour embrasser la liberté, fût-ce au prix de la marginalité.

My Dearest se situe donc à la croisée de deux mondes : celui d’une Joseon attachée à son formalisme moral et celui d’un monde nouveau, où la survie et la vérité exigent d’abandonner les masques. Derrière la fresque romantique et historique, la série dénonce le coût humain d’une civilisation obsédée par la vertu extérieure et incapable d’agir quand le réel s’effondre. C’est une charge contre le confucianisme d’État, mais aussi un plaidoyer pour une éthique plus vivante, fondée sur la responsabilité, le courage et la compassion — valeurs que la guerre, paradoxalement, réveille chez les seuls personnages qui osent désobéir.
Mais cette critique, peut également être une critique de nos sociétés actuelles, paralysées par des contingeantes éthiques et sociales, lorsqu’elles sont confrontées à des états qui n’ont cure de la démocratie et des libertés individuelles.
Le personnage de Jang-hyun
Jang-hyun est l’un des personnages les plus fascinants et ambigus que la fiction historique coréenne ait produits ces dernières années. Dans My Dearest, il échappe à toutes les catégories morales ou sociales de la Joseon confucéenne. Né noble puis devenu esclave, mais sans l’arrogance des yangban, il rejette les hiérarchies et les dogmes. Errant entre les classes, parlant à la fois le langage du peuple et celui des puissants, il incarne un homme moderne dans un monde archaïque. C’est ce décalage — presque anachronique — qui fait sa force dramatique.

Son idéologie est impossible à définir selon les schémas de son temps : socialiste dans l’âme, il méprise la naissance comme critère de valeur, protège les faibles et défend les prisonniers au nom d’une humanité commune. Pour lui, le mérite ne vient pas de la lignée, mais de l’action et du courage. Pourtant, il n’est pas un idéaliste naïf. Il comprend la logique du pouvoir, les rouages du commerce et la corruption inhérente à toute hiérarchie. C’est pourquoi il use du capitalisme — au sens le plus pragmatique du terme — comme d’une arme. Il achète, négocie, promet, échange, parfois ment, pour obtenir ce que les nobles hypocrites refusent de faire : sauver des vies. Là où le confucianisme se fige dans la morale, Jang-hyun introduit la stratégie, la fluidité, le mouvement.
Son rapport à l’argent est d’ailleurs révélateur. Il n’en fait pas une fin, mais un moyen. L’argent lui permet de franchir les frontières invisibles qui séparent les castes, de dialoguer avec les puissants, d’acheter la liberté de ceux que le système abandonne. Dans une société où la loyauté est achetée par des titres et des privilèges, il détourne ces mêmes instruments pour subvertir l’ordre établi. Ce double jeu — moralement ambigu mais profondément humain — fait de lui un anti-héros à la fois cynique et idéaliste, séducteur et sacrificiel.
Ses choix sont souvent interprétés comme contradictoires, mais ils relèvent d’une éthique de la responsabilité plutôt que de la vertu. Il sait que la pureté morale ne sauve personne et que la fin justifie parfois les moyens. Dans ses dialogues avec les nobles ou les mandarins, il adopte leur langage pour mieux les manipuler, mais dans ses gestes, il agit en homme libre, refusant l’obéissance aveugle. Sa lucidité le met à part : il n’appartient à aucune classe, ne croit en aucun dogme, mais agit toujours pour préserver un reste d’humanité au milieu de la barbarie.
Face à Gil-chae, son idéalisme blessé trouve un écho. Elle incarne ce que Joseon attend d’une femme : pudeur, retenue, soumission aux codes. Mais son amour pour Jang-hyun la transforme, la rend insoumise à son tour. Ensemble, ils forment un couple moralement dissident, non pas en rébellion ouverte, mais en résistance intime contre un monde sans compassion. Jang-hyun, par son humanisme pragmatique, incarne une forme précoce de modernité politique : il croit que le salut ne vient ni du roi, ni des rites, ni des dieux, mais des hommes eux-mêmes — pourvu qu’ils aient le courage d’agir.

Ahn Eun-jin dans le rôle de Yoo Gil-chae
Certaines réserves sont apparues dans les premiers épisodes. Une partie du public a parlé de “miss-casting” pour le rôle féminin principal, c’est-à-dire d’une erreur de distribution : certains estimaient qu’Ahn Eun-jin, connue jusque-là pour des rôles secondaires contemporains, manquait de grâce aristocratique ou de charisme pour incarner une noble de Joseon. Ces critiques ont vite été balayées par son interprétation nuancée et courageuse. À mesure que l’histoire progressait, elle a su gagner la sympathie du public, transformant son personnage de jeune fille capricieuse en femme résiliente, prête à affronter la guerre et l’exil. Son jeu naturaliste, souvent à contre-courant des héroïnes figées des sageuk traditionnels, a fini par être perçu comme l’une des grandes forces de la série.

