
La série coréenne Big Mouse raconte l’ascension forcée d’un homme ordinaire pris dans les engrenages d’un système politique et économique totalement corrompu. Park Chang-ho, brillant mais malchanceux avocat surnommé « Big Mouth » pour son incapacité à mener à bien les affaires qu’il promet, se retrouve accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Victime d’un montage aux ramifications immenses, il est désigné comme étant « Big Mouse », un génie criminel insaisissable. Dès lors, sa vie bascule dans une spirale de manipulations où se mêlent enjeux d’affaires, pressions politiques et règlements de comptes entre les plus puissants clans de la société. La série explore la façon dont les grandes corporations, les milieux politiques et les organisations mafieuses s’entremêlent jusqu’à ne plus former qu’un seul réseau d’intérêts, fonctionnant grâce au chantage, au secret et à l’élimination de toute opposition. L’histoire prend pour toile de fond les luttes internes autour d’un conglomérat tentaculaire, le NR Forum, qui réunit des chefs d’entreprise, des politiciens, des militaires et des scientifiques dont le pouvoir dépasse les institutions elles-mêmes. Dans ce monde où chacun porte un masque, la vérité est une arme dangereuse et la survie dépend de sa capacité à comprendre les alliances invisibles.

Arrêté puis incarcéré dans une prison contrôlée par différentes factions criminelles, Chang-ho découvre un univers brutal où l’autorité est dictée par la loi du plus fort. Pour survivre et se rapprocher de la vérité, il doit adopter le rôle qu’on lui a imposé, celui du légendaire Big Mouse, et utiliser la peur qu’inspire ce nom pour renverser la hiérarchie carcérale. La série mêle ainsi thriller politique, drame judiciaire et chronique carcérale, décrivant la prison comme un écosystème fermé où se reflètent les rapports de domination qui structurent l’ensemble de la société coréenne. Chang-ho, contraint d’incarner un criminel de génie, commence peu à peu à utiliser l’image de Big Mouse comme une arme contre ceux qui ont détruit sa vie.
En parallèle, Ko Mi-ho, son épouse et infirmière dévouée, mène sa propre enquête à l’extérieur. Refusant d’abandonner son mari, elle s’introduit dans des cercles où la vérité dérange et où toute contestation est immédiatement écrasée. À l’hôpital universitaire appartenant au même réseau que le NR Forum, elle découvre une affaire de contaminations radioactives impliquant des expériences secrètes, des déchets illégaux et la mort suspecte d’un groupe de chercheurs. Ces découvertes sont directement liées au meurtre dont son mari est accusé. Le thème de la pollution clandestine et des scandales sanitaires traverse toute la série, montrant comment des dirigeants sacrifient des milliers de vies pour préserver leurs profits ou couvrir leurs crimes.

Le couple principal devient alors un symbole de résistance dans un monde où tout semble déjà perdu. Loin des romances classiques, leur relation est fondée sur une loyauté indéfectible, un amour adulte et une capacité à se battre ensemble, chacun depuis son terrain. Leur combat commun pour rétablir la vérité prend des dimensions presque héroïques, car ils s’opposent à des adversaires capables de falsifier des preuves, manipuler les médias, utiliser la justice comme arme et sacrifier leurs propres alliés pour éviter l’effondrement du système. Le récit montre que ce n’est pas un simple affrontement entre un innocent et un coupable, mais un duel entre un couple ordinaire et une hydre institutionnelle construite sur la corruption.
À mesure que Chang-ho se rapproche du cœur du complot, la série brouille les frontières entre le vrai et le faux, entre l’homme qu’il était et celui qu’il devient. Big Mouse, qu’il accepte finalement d’incarner, devient un symbole de vengeance sociale, presque un mythe. Mais ce mythe exige de lourds sacrifices. La quête de la vérité devient de plus en plus dangereuse et conduit à une série de retournements tragiques qui montrent que dans un système rongé par la corruption, la justice ne triomphe pas sans perte, et que même la victoire laisse des cicatrices irréparables.

Yoona est Ko Mi-ho
Le personnage incarné par Yoona, Ko Mi-ho, est le cœur émotionnel et moral de Big Mouse. Dès le début, la série la présente comme une femme droite, déterminée, et d’une loyauté inébranlable, bien plus solide que son mari accablé par les échecs. Elle ne doute jamais de l’innocence de Park Chang-ho et devient immédiatement son premier rempart face à l’acharnement judiciaire et médiatique. Là où lui est emprisonné et contraint de se transformer pour survivre, elle demeure l’ultime ancre de vérité et de justice dans un monde saturé de manipulations. La lutte de Mi-ho est celle d’une femme qui se heurte à un système corrompu sur tous les plans : l’hôpital où elle travaille, les autorités municipales, les élites économiques du NR Forum, les scientifiques compromis, jusqu’aux médias qui fabriquent l’opinion. Elle avance seule, sans protection, seulement armée de sa compétence d’infirmière, de son instinct et de son courage. Sa quête de preuves sur les contaminations radioactives devient la clef du complot, mais aussi le chemin qui la mène vers sa propre chute.

Ce qui distingue Mi-ho des héroïnes traditionnelles de thriller, c’est son absence totale de passivité. Elle ne se contente pas d’attendre que son mari soit blanchi : elle enquête, elle infiltre, elle confronte, elle dénonce. Son personnage incarne la résistance d’une citoyenne ordinaire qui refuse de se soumettre au silence imposé par les puissants. Et à mesure qu’elle découvre l’étendue des crimes liés aux déchets nucléaires illégaux, elle comprend qu’elle ne peut plus revenir en arrière. Son corps lui-même porte les traces du combat : intoxiquée sans le savoir par les radiations dans un site où travaillent les prisonniers, manipulées par l’hôpital et le Forum, elle se bat alors que la maladie ronge déjà son avenir.
La fin de Mi-ho est l’un des moments les plus bouleversants de la série. Elle utilise ses dernières forces pour retourner l’arme médiatique contre ceux qui contrôlaient jusqu’ici le récit. En direct à la télévision, devant tout le pays, elle révèle publiquement les preuves sur les contaminations radioactives, les expérimentations illégales et les morts déguisées en accidents. Ce geste n’est pas seulement un acte de dénonciation, mais un ultime coup d’éclat : elle expose le NR Forum, brise les alliances politiques, détruit les mensonges des élites et provoque l’effondrement du réseau de corruption. Elle meurt peu après, épuisée par la maladie, mais sa disparition n’est pas une victime de plus : c’est un sacrifice qui fait enfin basculer l’équilibre des forces.
Sa fin tragique donne à la série une dimension profondément humaine. C’est elle qui paie de sa vie le triomphe de la vérité, et c’est sa mort qui transforme Chang-ho, non plus seulement en justicier malgré lui, mais en homme brisé déterminé à détruire définitivement ceux qui ont pris tout ce qu’il avait. Ko Mi-ho reste ainsi l’un des personnages féminins les plus marquants du genre : une héroïne silencieuse, courageuse et lumineuse, dont la bataille pour son mari s’élève finalement en un combat pour la justice au sens le plus large, et dont le dernier souffle est aussi sa plus grande victoire.

Les comédiens
- Lee Jong-suk incarne Park Chang-ho, un avocat ordinaire et malchanceux dont la vie bascule lorsqu’il est accusé à tort d’être le mystérieux criminel Big Mouse. Il compose un personnage à la fois vulnérable, rusé et déterminé, capable de se transformer pour survivre dans un système corrompu.
- Yoona joue Ko Mi-ho, l’épouse du héros, infirmière brillante et tenace qui mène sa propre enquête pour laver l’honneur de son mari. Elle apporte à la série une intensité émotionnelle rare et incarne une femme prête à affronter l’élite politico-financière pour faire éclater la vérité.
- Kim Ja-heon interprète Choi Do-ha, le maire charismatique et ambitieux de Gucheon. Sous son apparence raffinée se cache un stratège dangereux, prêt à toutes les manipulations pour étendre son pouvoir et protéger les secrets de l’élite.
- Ok Ja-yeon tient le rôle de Hyun Ju-hee, la directrice de l’hôpital universitaire et épouse du maire. Elle représente l’arrogance glacée des classes dirigeantes et devient l’un des pivots des affaires liées aux contaminations radioactives.
- Yang Kyung-won joue le chef de gang Gong Ji-hoon, héritier d’un énorme conglomérat et figure haute en couleur du NR Forum. Son personnage, à la fois brutal, opportuniste et imprévisible, incarne la collusion permanente entre mafia, business et politique.
- Kwak Dong-yeon incarne Jerry, un détenu escroc et admirateur autoproclamé de Big Mouse. Sa loyauté ambiguë, son humour et sa capacité à naviguer dans la hiérarchie carcérale en font un personnage clé du monde de la prison.

- Oh Eui-sik joue Kim Soon-tae, l’ami fidèle de Chang-ho. Journaliste et allié indispensable, il cherche à comprendre les rouages du complot depuis l’extérieur et tient un rôle majeur dans la contre-attaque du héros.
- Jeong Jae-sung joue le directeur de la prison, Park Yoon-gap, un homme corrompu et calculateur dont l’autorité dépend davantage des clans mafieux internes que de la loi officielle. Sa présence renforce la noirceur et la violence du milieu carcéral.

Creation : Jang Young-chul & Jung Kyung-soon
Développement Kim Ho-jun
Auteur : Kim Ha-ram
Réalisation : Oh Chung-hwan & Bae Hyun-jin
Production exécutive : Ahn In-yong
Producteurs : Lee Sang-baek & Kim Young-gyu
Société de production : AStory, Studio Dragon & A-Man Project
La force des seconds rôles
La force de Big Mouse réside en effet dans l’extraordinaire densité de ses seconds rôles, qui donnent au récit une profondeur sociale rarement atteinte dans un thriller coréen. Dans la prison, chaque détenu secondaire possède une histoire, une motivation, une manière de survivre dans un environnement où la violence est la seule monnaie d’échange. On y croise Jerry (Kwak Dong-yeon), escroc attachant et fidèle admirateur autoproclamé de Big Mouse, Park Yoon-gap (Jeong Jae-sung), directeur de la prison corrompu, Yang Chun-sik (Song Kyung-cheol), chef de clan brutal, ou encore le terrifiant Seo Jae-yong (Park Hoon), dont l’influence règne sur les blocs de détention. Certains deviennent des alliés inattendus, d’autres se révèlent être des traîtres silencieux, et tous participent à transformer Park Chang-ho en un stratège redoutable. La galerie de prisonniers – escrocs repentis, assassins cyniques, chefs de clans, petites frappes qui rêvent de s’élever – forme un écosystème complet, un miroir cru de la société extérieure où les plus faibles sont broyés et les plus forts imposent leur loi. Cette multiplicité de voix secondaires donne une texture réaliste aux scènes carcérales, qui ne sont jamais de simples décors, mais des lieux de pouvoir mouvants où les alliances n’existent que tant qu’elles servent un intérêt immédiat.

Du côté des élites économiques et politiques, les seconds rôles composent une autre forme de prison, plus feutrée mais tout aussi dangereuse. On y retrouve Choi Do-ha (Kim Joo-heon), maire de Gucheon au sourire aussi séduisant que menaçant, Hyun Joo-hee (Ok Ja-yeon), directrice de l’hôpital universitaire et garante des secrets médicaux du Forum, Gong Ji-hoon (Yang Kyung-won), héritier impulsif et caïd du NR Forum, ainsi que les membres du cercle scientifique responsable des contaminations radioactives. Autour d’eux gravitent des avocats manipulateurs comme Lee Du-geun (Oh Ryung), des médecins compromis, des conseillers municipaux obsédés par leur ascension sociale et des héritiers arrogants prêts à tout pour maintenir leurs privilèges. Ces personnages, parfois présents seulement quelques minutes, façonnent un réseau de mensonges et de compromissions qui donne sa colonne vertébrale à la série. Ils montrent que la corruption ne repose pas seulement sur quelques têtes dirigeantes, mais sur une multitude d’individus qui acceptent de détourner le regard, d’obéir, de trahir ou de sacrifier autrui pour conserver leur place.

Cette profusion de seconds rôles devient ainsi l’un des moteurs principaux de la tension dramatique. Elle donne à Big Mouse une épaisseur presque romanesque, où chaque couloir – qu’il s’agisse d’une cellule sombre ou d’une salle de réunion luxueuse – raconte une lutte de pouvoir différente. Et plus ces personnages secondaires se croisent, se contredisent ou s’affrontent, plus le spectateur comprend que la série ne se limite pas à l’histoire d’un innocent piégé, mais à la description d’un système entier rongé par la cupidité, la peur et l’ambition. C’est cette toile humaine complexe, faite de petites lâchetés et de grands crimes, qui donne à la série son réalisme, son souffle et sa noirceur.

